Sur le terrain

Les AQPS, du cheval de guerre aux courses d’obstacles

Les AQPS, du cheval de guerre aux courses d’obstacles
C'est grâce à l'AQPS, association des propriétaires et éleveurs de chevaux de selles, née en 1922 que ces chevaux sont devenus des chevaux de courses © Briensphoto.com

Le cheval AQPS – littéralement Autre que pur-sang, soit n’étant pas pur-sang anglais à 100 % –  a gagné ses galons de cheval de courses à la force du jarret.

 Avant d’accéder à la cour des grands, dans laquelle il est aujourd’hui omniprésent, il a “fait ses gammes”, dans le temps et la durée. L’histoire est belle et mérite d’être contée. L’origine des AQPS remonte aux chevaux de guerre, d’attelage et de chasse à courre, du début du siècle dernier ; chevaux d’origines mêlées, à usages multiples, ayant pour trait commun leur rusticité. En 1907, la création de la Société d’encouragement à l’élevage du cheval de guerre français dénote déjà une volonté d’amélioration et de sélection. Cinq ans plus tôt, l’organisation du premier Championnat du cheval d’armes, sur les parcours d’obstacles d’Auteuil, affichait une ambition comparable. La guerre 1914-1918 va cependant mettre à mal la cavalerie, tant et si bien que l’intérêt pour ce type de chevaux se déplace bientôt davantage sur le plan sportif.

 “DES DEMI-SANG GALOPEURS”

C’est ainsi que voit le jour, en 1922, l’Association des propriétaires et éleveurs de chevaux de selle français, sous l’impulsion du comte Jacques de Vienne, qui en est le premier président et fixe l’objectif : développer la production de chevaux aptes à courir les courses au galop, le plus souvent à obstacles, réservées à ceux de leur race. Jacques de Vienne fait ainsi figure de pionnier, d’initiateur. Il donnera d’ailleurs son nom au Derby des AQPS, le championnat, en plat, des poulains et pouliches de 3 ans. Le général Charles Donnio prit son relais, en 1945, animant l’association jusqu’en 1972, alors même qu’il était nonagénaire. Également commissaire à la Société des steeple-chases de France, il fit beaucoup pour le développement des compétitions dédiées à ceux qu’on appelait alors les “demi-sang galopeurs”. Il obtient même d’y autoriser la participation de sujets trotteurs, revenus, de la sorte, à leur allure naturelle, car il sait, pour l’avoir constaté en tant que cavalier de concours hippique, que ceux-ci sont à même de faire de bons sauteurs. Au début des années 1970, un certain Black Winter n’est pas sans lui donner raison, puisque ce trotteur français s’impose dans plusieurs courses pour AQPS et même face aux pur-sang, gagnant notamment deux fois le Prix Charles du Breil, sur feu le parcours de cross-country de l’hippodrome de Maisons-Laffitte, ainsi que le Grand Steeple- Chase de Dieppe.

 Ferdinand Riant, autre commissaire à la Société des steeple- chases, succède, pour deux ans, à Charles Donnio, à la tête du groupement d’éleveurs et de propriétaires, avec pour bras droit Bernard Le Gentil, qui lui emboîte le pas, en 1974, et fait entrer l’association dans l’ère moderne. Bernard Le Gentil anime le Haras d’Estruval, dans le Pas-de-Calais, et tient lui-même les rênes d’un élevage AQPS de haut niveau. Sa présidence coïncide avec les premières grandes conquêtes parisiennes de la race, y compris par l’entremise de ses élèves. Élu président de la Société des steeple-chases de France, en 1987, Bernard Le Gentil laisse son fauteuil de président des AQPS à Émile Ouvry, autre éleveur nordiste, qui le cédera luimême, un peu plus tard, à Michel de Gigou, au commencement des années 1990, où la notoriété des AQPS gagne maintenant l’Angleterre et l’Irlande. Toutes ces personnalités sont des propriétaires, mais, surtout, des éleveurs, et leur maître mot est l’intérêt général de la race spécifique, métissée, que leurs ancêtres ont créée et façonnée ici et là, dans les régions de France, du Centre au Nord, de l’Ouest à l’Est. C’est dans le même esprit qu’oeuvre celui qui préside aujourd’hui aux destinées de l’Association des éleveurs et propriétaires de Chevaux AQPS, près d’un siècle après sa création, et qui s’en ouvre dans ces pages. D’une fameuse lignée d’éleveurs lui aussi, il se nomme Hervé d’Armaillé.

Dès 1926, un demi-sang parvient à battre les pur-sang dans l’une des épreuves majeures du calendrier de l’obstacle. Il s’agit d’Uncas, élevé par son propriétaire, René Samaison, qui triomphe dans le Prix du Président de la République, à Auteuil. Uncas est, certes, le fils d’un étalon pur-sang, mais sa mère est issue de l’union d’un trotteur et d’une pur-sang. Avant de se confronter, avec succès, aux “purs”, Uncas a accompli un exploit dans les rangs de ses pairs en remportant une course, à Auteuil, sous 90 kilos, rendant la bagatelle de 56 livres au deuxième !
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