Reportage

À Jerez, dansent aussi les chevaux

À Jerez, dansent aussi les chevaux
Fondée en 1973, l’École royale andalouse d’art équestre est devenue le conservatoire et le porte-étendard du cheval de pure race espagnole. Reportage sur ce haut lieu de l’équitation. Photo © Ecole royale andalouse

À Jerez de la Frontera, entre Séville et Cadix, ne dansent pas seulement, comme le chantait Musset, les Andalouses et les Gitanes « au sein bruni, au corps souple et à la jambe ronde ». Mais aussi, les chevaux andalous de la Real Escuela Andaluza del Arte Ecuestre, naguère chevaux des rois et, pour beaucoup, rois des chevaux.

 

Robe grise, pommelée ou truitée, blanche, bai brun ou bai cerise, encolure puissante et arquée, chanfrein légèrement busqué, poitrail large, croupe ronde et musclée, jambes fines, ils arborent une crinière longue et drue, comme l’Andalouse de Musset et « sa chevelure qui l’inonde, / Plus longue qu'un manteau de roi ! ». Et correspondent fidèlement aux critères idéaux du cheval définis par les auteurs anciens. Par sa beauté, sa noblesse, la douceur de son caractère, son aptitude naturelle au rassembler et aux airs élevés, le cheval de “pure race espagnole” a été jugé depuis le XVIIe siècle comme le mieux adapté à la haute école et aux parades. Telles étaient, entre autres, l’opinion de l’écuyer Salomon de La Broue, au XVIe siècle, qui, en comparant les meilleurs chevaux, plaçait au premier rang « le cheval d’Espagne en tant que cheval le plus beau, le plus noble, le plus courageux et le plus digne d’être monté par un grand roi », et d’Antoine de Pluvinel, maître d’équitation de Louis XIII, qui écrivait : « Sire, il est très raisonnable, qu’étant le plus grand monarque de la Chrétienté, Votre Majesté prenne sa première leçon sur le plus parfait cheval d’Europe. » Quant à François Robichon de La Guérinière, écuyer ordinaire du Manège royal des Tuileries sous Louis XV, il déclarait son accord avec « tous les auteurs [qui] ont toujours préféré le cheval espagnol, le considérant comme le meilleur de tous les chevaux pour la haute école, en raison de son agilité, de sa vigueur et de sa cadence », opinion corroborée par le naturaliste Buffon qui affirmait que l’on devait le préférer à tous les autres chevaux au monde.

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